Ça ressemble à une ballade en famille dans les rizières de Hai Duong. Gérard, de passage au Vietnam, a le nez dans sa carte routière tandis que le chauffeur s'arrête une nouvelle fois pour demander son chemin. A l'arrière de la voiture, le reste de la famille commence à désespérer de voir enfin le fameux poste d'An Hiep de papy Gérard. Sa mémoire est pourtant bien nette, mais bien peu de ses souvenirs ont traversé les cinquante dernières années, depuis 1953, depuis son départ en bateau pour la métropole après 3 ans passés en Indochine.
Quand nous arrivons enfin au poste, nous découvrons une banale pagode de campagne, l'attraction touristique de la région. On s'éparpille, on visite, on photographie. Derrière, Gérard retient son souffle, son coeur bat la chamade, c'est là, c'est bien là, derrière cette butte, qu'il a enterré Chac, le long de cette digue au loin qu'ils ont été pris sous le feu des Viet-Minh, au creux de ces rizières qu'il a passé ses nuits à ramper dans la boue, c'est bien ici qu'il a vécu la guerre et laissé sa jeunesse.
"Les supplétifs en Indochine, 1951-53", Gérard Brett, éditions L’Harmattan (1996).
samedi 10 avril 2010
Le poste d'An Hiep
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